Comment en sommes nous arrivés là …
Là c’est à dire au lieu géométrique du trop probable croisement d’une obsession securitaire politiquement surjouée, d’une vision reductrice de l’homme et de sa psychée et d’une ideologie évaluatrice directement importée du monde de l’entreprise et de celui de la finance (où elle vient d’ailleurs d’échouer lourdement),
Le point central n’est il pas en effet cette croyance inébranlable qui veut que toutes les recettes liberales peuvent s’appliquer à tous les secteurs de l’activité humaine.
Il n’existe donc plus de « hors marché, hors profit » tout est quantifiable donc tout est évaluable.
C‘est ce que Roland Gori intitule fort pertinemment la financiarisation de l’humain, tendant à considérer l’homme et ses actes comme un capital decliné en de simples unités de compte et de valeurs et donc auquel il est loisible d’appliquer les mêmes méthodes et mesures.
Il n’est alors guère étonnant que la psychiatrie et particulièrement la pedo psychiatrie, où se conjugue ces deux activités peu évaluables et quantifiables que sont le soin psychique et l’enseignement ( deux des trois métiers « impossibles » de Freud , le troisieme étant … gouverner ) deviennent des terrains d’affrontement de choix entre deux conceptions inconciliables de l’humain.
A l’utilitarisme normalisé et standardisé, nous ne pourrons toujours qu’opposer notre prise en compte revendiquée de l’homme dans sa complexité de sujet, sujet de ses désirs, de ses maux, de ses pensées, de ses actes, …
De même nous ne pouvons nous retrouver dans cet « homme unidimensionnel » là , qui ferait ainsi fi de ses incontournables dimensions psychiques, biologiques et sociales.
Plus largement, on comprend que tous ceux dont le métier a vocation de participer à l’eveil de la pensée complexe et critique des citoyens ne pouvaient également que rejeter ce type de conception.
En psychiatrie et en pédopsychiatrie l’œuvre emblématique et le vecteur de ce type de pensée aura été la construction puis l’instauration du DSM 4, Diagnostic and Statistical Manual ( of mental deseases) - version 4, long catalogue se voulant neutre et exhaustif de symptômes dument constatés, réunis par des concomitances statistiques possibles en syndromes, mais surtout sans aucun essai de compréhension psychopathologique (atheorisme).
Même si le DSM 4 n’a pas eu en Europe l’influence qu’il a pris outre atlantique, on retrouve néammoins son influence par exemple dans l’extension prise par les syndromes autistiques (troubles –très- envahissant du devellopement) dans la reflexion psychiatrique, en particulier dans leur version « dépsychopathologisée » …
Sortis pour partie de la pathologie, notamment sous l’influence d’association de parents dont on entend bien la détresse mais dont on doit regretter, pour certaines, l’extremisme, l’autisme devint un handicap, lié à un trouble de communication et ressortant de mesures principalement éducatives…
De même l’absence de réflexion étiologique a sonné le glas des névroses, du moins dans le DSM 4, où elle n’apparaissent bien sur plus que par leurs seuls symptômes émergents ( TOC, phobies et attaques de paniques ou conversions) … susceptibles de réponses comportementalistes ou médicamenteuses exclusives.
Il nous faudra bien, un jour, réhabiliter la névrose !
D’abord parce que, haut lieu de la condition humaine, elle nous concerne personnellement presque tous.
Ensuite, plus sérieusement, car elle constitue pour une bonne part le paradigme de notre connaissance actuelle du psychisme, permettant de resituer pour ce qu’il est (fixation, mécanisme de défense …) le symptôme ou le « trouble » actuellement tellement mis en avant ..
Enfin parce qu’elle sous tend en permanence notre pratique quotidienne : c’est elle, avec ses retentissement multiples, les impasses psychiques, scolaires et sociales qu’elle implique, ses intrications et ses répétitions qui justifie pour beaucoup la pluridisciplinarité des équipes de pédopsychiatrie et de CMPP .
lundi 18 janvier 2010
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